Partie de pêche

Un garçon plaçait délicatement son nouvel hameçon dans sa boîte à pêche, en attendant. Son grand-père était en route pour l’emmener taquiner le poisson près de l’étang. Il attendait avec impatience ces parties de pêche, et aujourd’hui, il allait déployer son leurre jaune-orange avec des franges. Le petit matin résonnait encore au ruisseau, là où le cours d’eau se transformait en mare pour abriter les perchaudes. Pour le garçon, les heures s’étiraient, la journée se prolongeait, et le soir ne tombait jamais. Il aimait autant la pêche que la compagnie, avec ou sans poisson.

Plusieurs années plus tard, le garçon devenu adulte et le grand-père n’étant plus de ce monde, la boîte à appâts bascula en grande trombe de l’étagère du garage où il l’avait soigneusement rangée, il y a belle lurette. C’est alors que l’appât jaune-orange lui tapera dans l’œil. Avec une chanson de Gilbert Bécaud en tête, il passera les trois prochaines heures de sa vie occupée de grande personne à dépoussiérer et retaper sa vieille canne à pêche. Il se promit de trouver un ami pour aller la remettre à l’eau, enfin.