Jungle

De grands arbres à perte de vue

January 4, 2017
microrécit

J’avançais à pas de loup pour ne froisser aucun des grands êtres qui se dressaient devant moi. Baignée dans une foule d’arbres en cette jungle dense et fournie, je tirai le portrait de chaque individu.

Un feuillu majestueux s’élevait jusqu’à la canopée, là-haut où très peu d’arbres se rendent. Ses limbes virevoltaient dans une danse de mouvements à l’unisson. Le bout des branches offrait de petits boutons roses en pleine floraison, pour le plaisir des insectes du voisinage.

Parsemés, au loin, se tenaient les palmiers. Les premiers ouvraient leurs grandes mains et s’étiraient vers le haut. Les seconds allongeaient de minces doigts vers le sol pour tenter de rejoindre la terre. Les uns s’orientaient vers le ciel alors que les autres visaient leur souche. En tandem, les palmes s’élançaient dans un tango boisé.

Je me retrouvai près d’un spécimen, court de nature. Son tronc paraissait dur comme le roc. Pourtant, il se nouait sur lui même en serpentins. Au bout de chacune des branches tire-bouchon se déployaient un éventail de feuilles cirées de la couleur d’une pelouse fraîchement coupée. Je vis un paisible lézard élire domicile dans le creux de l’un des nœuds. Il attendait sagement la venue de mouches et autres petites bêtes.

Enfin, des feuilles plates comme des crêpes capturèrent mon regard. Leur hôte s’érigeait tel un coucher de soleil à l’horizon, fort et fier d’occuper tout l’espace du monde. Ses feuilles entonnaient les mêmes teintes; de grandes soucoupes rouges et jaunes ballottaient au gré de la brise légère. Celui-ci fournissait de l’ombre au niveau inférieur, permettant ainsi aux arbustes timides de croître sous sa protection.

Je n’ai qu’à me fermer les yeux pour que l’image de chacun me revienne.