Comme une photo

Quand les images n’entrent pas dans le cadre

January 3, 2017
microrécit

J’ai atterri comme par hasard dans un endroit sorti d’un rêve. Qu’un tel endroit existait m’était jusqu’à maintenant complètement méconnu.

C’était un grand quartier, délimité par quatre chemins, où vivaient de nombreuses familles. En plein cœur s’imposait un vaste parc où les gens s’amusaient, s’étiraient, placotaient à toute heure de la journée. Les plus petits grimpaient et zigzaguaient dans des structures de jeu faites à la verticale. Les grandes personnes suivaient leurs chiens enthousiastes ou s’impliquaient dans des conversations animées entre eux. Des équipes s’affrontaient sur le terrain de sport et leurs cris remplissaient l’air d’éclats victorieux.

Les arbres de toutes sortes surplombaient l’aire ouverte. Certains d’entre eux étaient habillés de palmes et regorgeaient de noix de coco. D’autres se revêtirent de feuilles et de fleurs aux teintes chaudes, comme le rouge orangé et le rose-fuchsia. Le climat tropical accueillait une diversité infinie d’espèces animales et végétales et ils avaient tous leur place dans l’habitat du grand parc.

Le faucon du quartier survolait son territoire la journée longue. Il disparaissait par moments, on s’imagine pourquoi. La vie respectait les consignes, selon toute vraisemblance, pour le bien-être de tout un chacun, des plus petits humains aux plus grands lézards, des arbres hauts comme des phares aux colombes qui y logeaient.

C’était comme dans une belle photo.

Plus j’avançais dans ce lieu, plus je me butais aux limites, à toutes ces invisibilités qui n’apparaissaient nulle part. Je ne voyais pas la personne chargée de tondre le gazon; l’être qui entretenait la piscine non plus. La communauté de gens qui portaient sur leur dos le grand espace extérieur du parc et du quartier s’écroulait sous son poids.

Même dans les photos, certaines images n’entrent pas dans le cadre.